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De Lille à Pointe-Noire, le Studio 7 au Congo

Parcours comédien·nes

Quand David Bobée m’a proposé de faire un travail avec les étudiants de l’Ecole de Théâtre du Nord de Lille, j’ai tout de suite dit oui, car il y a là une opportunité de mise en relation de ces jeunes Lilloise et Lillois avec d’autres univers, d’autres personnes surtout avec les jeunes ponténégrines et ponténégrins, autour d’une autre expérience théâtrale.

Les comédien·ne·s du Studio 7 travailleront autour du texte Le Fruit défendu de Ndjimbi Romuald (YARO). Un texte s’inspirant des traditions du Loango, du Congo et d’Afrique. Il raconte l’un des multiples aspects du « nimbi », le monde des sorciers ponctués de sacrifices rituels. Dans ce texte nous entrons dans la profondeur des traditions, dans la culture Loango. C’est aussi, je pense, ce qui marquera le partage avec ces jeunes, à travers une pièce de théâtre, une façon d’entrer en contact avec les us et coutumes, avec les croyances et l’imagination d’un peuple. Ces contacts, par le biais du théâtre, pourront élargir leurs connaissances du monde et de ce fait, du Congo et du Loango.

Avec des choix artistiques qui conduiront à mettre en scène des acteur·rice·s d’au moins deux nationalités, d’au moins deux cultures différentes, tous jeunes et en lien direct avec l’histoire de la pièce. La mise en scène s’appuiera sur le bien dire du texte (mieux appréhender le jeu des mots et des subtilités mis en avant par l’auteur) et aussi sur les rituels ainsi que sur la danse de délivrance : ‘libok’. À certains moments, le public sera acteur et fera partie du spectacle afin d’apporter des avis le dévoilement théâtral d’aventures mystiques discutées sur la place publique.

Un programme global qui comprendra : les répétitions à Pointe-Noire et à Loango, deux représentations et aussi, la rencontre des espaces chargés de la mémoire locale : le Musée Ma Loango de Diosso, le port d’embarquement des esclaves, la première église catholique du Congo…

Résumé de la pièce Le Fruit défendu :

C'est une histoire qui se déroule en grande partie  dans le monde des ténèbres, au pays des sorciers : le  ‘’nimbi’, un pays où l’on se nourrit des âmes-chairs humaines. C’est l’histoire d’un jeune homme dont la ‘’chair’’ était déjà programmée dans une ristourne rituelle par son oncle pour l’un des festins annuels de la communauté des sorciers  dont il est membre.

 Mais l’âme-chair du neveu programmé pour ce festin est considérée par la famille comme étant un «fruit défendu» à ne pas sacrifier. Que faire ? Remplacer une chair déjà programmé étant inadmissible au ‘’nimbi’’, la communauté s’y oppose. Pour sauver le neveu, le rituel  sacré des ancêtres est organisé comme un défi à l’encontre des sorciers.

 

Présentation de l’Auteur :

Romuald Djimbi, plus connu sous le pseudonyme de Yaro, est né à Pointe-Noire en 1966. L’obtention de son Bac A en 1987 lui permettra de poursuivre ses études en  France à l’université de Poitiers). Des études sanctionnées par un DEA en  géographie option hydrologie.  Dans la perspective de la soutenance d’une thèse de doctorat, il revient au pays pour  la suite de ses recherches y relatives. A la fin de ses travaux académiques en 1994, il est confronté à la difficulté de financer son retour en France  pour la soutenance. 

Sa formation littéraire de base durant ses études secondaires lui permettront d’être actif dans les milieux culturels et artistiques. Avec Jean-Baptiste Tati Utaliane, un de ses amis d’enfance et condisciple au collège et au lycée, ils fondent le Club des poètes du vent de la mer.  Yaro met alors  en valeur ses talents de poète, d’écrivain et d’artiste musicien.

Comme musicien, il se forge un style musical qu’il dénomme « Tchiko’Beat » et s’explique sur son  projet d’écriture : « en réalité mon projet n’est pas seulement un projet d’écriture, mais aussi un projet de chants, de paroles,  de rythme ; en somme un projet de mémoire et d’écriture ».

Sur le plan musical, se considérant comme un ‘’griot des temps modernes’’,  sa musique s’inspire des traditions du Loango. « Je suis, disait-il, le Ndjimbi N’libi, le diable du diable, le trait d’union entre les vivants et les morts ».

Sur le plan littéraire, Yaro est l’auteur de plusieurs manuscrits  de nouvelles : « Une vie pour rien », « Un problème, une solution », « Lipato »… ; de pièces de théâtre : « Au tournant », « Le fruit défendu »…

A la suite d’une intervention chirurgicale pour un banal début de kyste, Yaro meurt trop tôt en 1999, à trente trois ans à peine.